Notes
festives et terribles pour une réflexion sur les contrefaçons
Le contraire de la douceur n’est pas
la brutalité ou la violence même, c’est la contrefaçon de la douceur : ce
qui la pervertit en la mimant.
Anne
Dufourmantelle (1)
Terrible
temps des Fêtes. Cette convivialité institutionnalisée et marchande permet
quand même des échanges et des discussions enrichissantes, tout en
festoyant. Et on aime tant festoyer, par tous les temps, surtout par sombres
temps. « Les temps sont durs mais modernes », écrivait Peter
Sloterdijk (2). Homo oeconomicus engendre homo festivus, et il
n’a pas fini de nous étonner, de nous émouvoir, de nous exaspérer. Il adore en
tout cas se déguiser, se travestir, s’éclater pour tromper l’ennui que sécrète
son existence désincarnée, sans gravité, liquide. Je parle de nous tous, bien
sûr, personne n’échappe vraiment à l’ennui et à ses stratégies d’évitement, qui
peuvent être terribles. « Plutôt la barbarie que l’ennui », s’écria
le maître de Charles Baudelaire, Théophile Gautier. Selon l’historien de la
culture et de la littérature George Steiner, ce cri résonne au XIXe
comme une prophétie des horreurs qui allaient s’accomplir moins d’un
siècle plus tard (3). Aujourd’hui, n’est-ce pas encore pour combattre l’ennui
que les déguisements et les contrefaçons pullulent? Allez savoir ce
qu’annoncent ces mauvais présages. Il apparait cependant assez mal venu d’en
rire ou même d'en discuter, ce qui est en soi assez inquiétant. Heureusement,
la vie de l’esprit offre toujours la possibilité de faire des pas de côté, mais
peu s’en prévalent, à moins que ce soit la clameur médiatique qui recouvre les
voix dissonantes. Fred, un garçon charmant, m’a quand même beaucoup fait rire
lors d’un souper bien arrosé en associant le non-conformisme de Pierre
Falardeau à celui, disons ostentatoire, de Catherine Dorion.
Ce
rapprochement me sembla naître d’un malentendu du discours politique de l’une
et de l’autre. Je rappelai à Fred que le cinéaste et polémiste comparait, il y
a longtemps déjà, Françoise David à Mère Teresa, manière de dire qu’elle était
la zélote d’une organisation politique ambiguë qui, disait-il, était plus
missionnaire que de gauche, voire carrément hypocrite (à partir d'une minute 43).
Je rappelai à Fred que Françoise David avait été la présidente-fondatrice
d’Option citoyenne avant de cofonder et de codiriger Québec solidaire, la
formation politique que représente Catherine Dorion à titre de députée à
l’Assemblée nationale. C’est d’ailleurs dans ce décor idoine qu’elle exécuta
son petit numéro d’Halloween visant à banaliser voire à légitimer sans
restriction le voile islamique - j'y reviens plus loin. J’avoue que
Falardeau me semblait souvent défendre un nationalisme revanchard qui nuisait à
la cause qu’il défendait, escamotait surtout une réalité sociohistorique
importante. Comme le rappelle aujourd’hui le philosophe Alain Deneault,
il y a une différence significative entre le colonisé et le colon prolétarisé.
Mauvaise nouvelle pour la doxa nationaliste : le colon prolétarisé
caractérise le Québécois, l’héritier de celui qu’on appelait jadis le
Canadien, puis le Canadien français. Contrairement à ce que nous aurait fait
croire une historiographie sommaire de la décolonisation, il occupe plutôt une
position intermédiaire sur la chaîne de la domination politique. Celle-ci est
« très difficile à assumer du point de vue de la conscience, explique
Alain Deneault, parce qu’il n’est pas vraiment le dominé, comme l’est
l’Autochtone. Mais il n’est pas non plus l’actionnaire de sociétés ferroviaires
[ou de n’importe quel autre secteur industriel, j’imagine]. Le
Canadien-français devenu Québécois serait entre l’arbre et l’écorce, parce
qu’il profite de la colonie sans en être vraiment responsables. C’est pourquoi
il aurait de la difficulté à l’admettre et à le conceptualiser afin de s’en
sortir et de façonner les choses autrement. (5) »
L’observation
d’Alain Deneault permet d’ouvrir une large fenêtre sur l’institution imaginaire
de la société. C’est l’identité politique du Québécois qui se trouve
entamée, sa fameuse spécificité ‒ privilégiée ? ‒ de dominé, celle qui
inspira par exemple le lyrisme du « québécantrope » de Gaston Miron,
« ce garçon qui ne ressemble à personne ». Et si on ajoute à
cette remarque judicieuse de Deneault l’analyse d’un Jacques Ellul par exemple,
affirmant il y a déjà un demi-siècle que c’est l’ensemble de l’humanité qui est
désormais prolétarisé, aliéné à l’idéologie technicienne qui surplombe et
détermine toutes les relations humaines, on est pris de vertige quand il s’agit
de s’entendre sur des luttes politiques. Grand connaisseur de Karl Marx pour
l’avoir bien étudié et longuement enseigné, Ellul disait notamment que les
marxistes d’après-guerre et à la mode dans les années 1960-70 se trompaient de
révolution. Si Marx avait raison en son temps d’en appeler à la lutte des
classes, au XXe siècle le grand enjeu est beaucoup moins de
combattre la bourgeoisie pour s’emparer des moyens de productions, que de
sortir du productivisme et de l’idéologie technicienne qui déshumanisent
radicalement l’existence, tout en provoquant des désastres écologiques
irréversibles (en plus d’être un des plus grands sociologues du XXe
siècle, Ellul est considéré comme un pionnier de l’écologie politique). Ce qui
ne veut pas dire que les classes sociales n’existent plus, mais qu’il ne suffit
pas que les dominés renversent les dominants pour recouvrer le sens de la
liberté, de la dignité et de la responsabilité politique.
Mais aujourd’hui, au lendemain des Fêtes et en dépit de cette nuance
importante apportée par Deneault-Ellul, il me semble qu’à bien des égards
Pierre Falardeau faisait preuve de clairvoyance et de sensibilité politique,
bien au-delà de ses envolées étroitement nationalistes. S’il est probable qu’on
n’arrête pas de se tromper de révolution, certaines révoltes ou révolutions
sont plus vitales que d’autres. Toutes les révolutions ne se valent pas.
Le mouvement pour le mouvement, contraire à la mesure de l'homme, n'a de sens
que pour lui-même. Walter Benjamin, critique de l'idéologie du progrès, disait
de la révolution qu'elle était le frein d'urgence. Or la modernité engendre des
révolutions dictées par la volonté de puissance que semble offrir la
technologie. C'est elle la locomotive du progrès qui impose d'aller toujours
plus vite. Quelle ivresse que la vitesse! Elle est sensation pure, fait perdre
la tête, la faculté de jugement, le sens de la route et de la lenteur. Elle
appelle à bouleverser les mœurs, au déracinement des individus et des peuples,
à la destruction des cultures plutôt qu'à leur enrichissement. Et ce
déracinement se fait fallacieusement au nom de la tolérance, de
l'ouverture à l'autre, à la nouveauté, comme le fait Catherine Dorion.
Pierre Falardeau, même s'il lui arrivait de déraper ou de dépasser
la limite, voyait très bien comment le colonialisme aliénait l'ensemble du
peuple québécois: Autochtones, Canadiens français, immigrants et, au
sommet de la pyramide, les possédants, toutes origines ethniques et sexuelles
confondues, ceux et celles que Falardeau appelle dans son terrible Temps des
bouffons « les rois nègres biculturels ».Un trait
commun donc : aliénation au colonialisme, au déploiement de ses industries
comme de son spectacle, de son imaginaire. L’objectif de ce colonialisme était
‒ est toujours ‒, de fabriquer l’homme nouveau, émancipé de toute affiliation à
l’ancien monde. Celui-ci avait certes d’immenses défauts, mais pas de tout
mesurer à l’aulne de la raison raisonnante, de la défense ses intérêts bien
compris. On peut reconnaître chez ce colon prolétarisé, ce moderne absolu,
l’héritier ou l’avatar d’homo oeconomicus né aux alentours du
XVIIIe siècle dans les éprouvettes de la raison instrumentale.
Celle-ci forge l’axiome de la civilisation libérale et de la religion du
progrès. Et qui dit religion, dit fidèle, c’est-à-dire le zélote du saint
progrès ou de la modernité triomphante, celui que Philippe Muray a appelé le
« moderneur » dans une de ses dernières nouvelles, « Comment je
me suis arrêté. (6) »
Fred
m’écouta patiemment, puis on évoqua la force de dérision du court-métrage de
Falardeau où il montre et commente l’élite politique et affairiste montréalaise
dansant bras dessus bras dessous au très Canadian et très chic Beaver
Club. L’effet grotesque de la mascarade est foudroyant :
« Applaudissons-nous. We are magnificient people », clame le
président de la cérémonie, Roger D. Landry, directeur à l’époque du quotidien
La Presse.
Le lendemain
matin, repensant à ma discussion avec Fred, une idée fit irruption :
Falardeau vivant pourrait-il mettre en scène Catherine Dorion et ses
solidaires collègues dans un Nouveau temps des bouffons ou un Temps
des nouveaux bouffons et nouvelles bouffonnes ? Je me disais que ce numéro
de déguisement à l’Assemblée nationale amenée par Catherine Dorion est d’une
superficialité grotesque qui mériterait d’être tourné en dérision. Il dénote
une adhésion servile non plus au biculturalisme que vomissait Falardeau, mais
au multiculturalisme triomphant que produit le capitalisme mondialisé :
doctrine made in Canada instaurée par le fédéralisme de Pierre-Elliot
Trudeau pour contrer explicitement le mouvement indépendantiste québécois (7)
et, qui sait? une possible alliance avec les peuples autochtones contre la
technocratie canadienne ‒ en plus de sous-tendre et d’ériger une seule et
unique norme à l’aulne de laquelle le monde entier doit se soumettre: la sainte
économie dans l’Évangile néolibéral, mais néanmoins nihiliste.
La culture
n’est pas un fait social en marge de l’économie politique, elle en fait partie,
elle l’habite et l’habille; culture et économie politique forment un tout dont
le langage, la parole, est le cœur : ce qui se dit et ne se dit pas, se
pense et ne se pense pas. Or, Catherine Dorion incarne à merveille la version
QS de la vision politique de Justin Trudeau, sorte de Beaver Club à
l’échelle de tout le pays, même si c’est à son corps défendant. Mais
comment est-ce possible? Ce ne sera pas la première fois dans l’histoire
récente que ladite opposition au pouvoir, au nom de l’émancipation, en renforce
la poigne.
Depuis Mai
68, tout un courant de la gauche culturelle et de la contre-culture s’est
mis au service du nouvel esprit du capitalisme en travaillant à intégrer, dans
le travail et la vie privée, les nouvelles technologies de l’information et des
communications : travail dit autonome, délocalisation, entrepreneuriat, réseaux
sociaux, mobilité assortie du culte des droits des minorités autoproclamées et
de la lutte contre toutes les discriminations (8). C’est ainsi que la gauche
identitaire seconde l’atomisation de la société nécessaire à la fluidité des
capitaux, des biens, des services et des populations : accumuler, circuler,
jouir sans entraves sont des synonymes dans ce grand processus de contamination
des mots par l’hégémonie culturelle.
Les nouveaux
maîtres du monde et leurs spin doctors sévissent dans les entourages de
la Silicon Valley ou du Mile-Ex, dans les studios de design au service des
multinationales du divertissement et du technocapitalisme, intelligence
artificielle et tout le bazar. Ils travaillent en gougounes, ouaté, une tuque
ou un hood sur la tête, tatoués de la tête aux pieds, des anneaux dans
le nez et autour des yeux, de la bouche et des oreilles. Probablement en
trois-pièces ou en tailleur à l’occasion, mais plus personne n’y croit
vraiment. Grand bien leur fasse, aux uns comme aux autres, là n’est justement
pas le problème. Pourquoi? Parce que c’est dans la « com » que ça se
passe, dans le marketing sociétal, la concurrence des lobbies se substituant à
la politique. C’est là qu’on fabrique le conformisme au nouvel ordre du monde
en le rendant acceptable, désirable, cool. La « com » et le
marketing sociétal qui prolifèrent notamment sur les réseaux sociaux: tel est
l’habit dont le roi est aujourd’hui affublé (9). Je parle ici de rhétorique
persuasive, pas de cas individuels.
Il est donc
urgent dans le débat public de distinguer l’idéologie multiculturaliste de la
pluralité sociale. Ce que font Alain Caillé et Philippe Chanial en distinguant
« reconnaissance des cultures et des identités » et « la
nouvelle mode managériale de la diversité culturelle, cette forme marchande, et
probablement lucrative, du politiquement correct (10). » Et pour
reprendre une de leur question dans le même ouvrage, « Le
multiculturalisme est-il soluble dans la démocratie? ». Assurément pas
dirais-je, si ce multiculturalisme confine au communautarisme, à des
communautés étanches, repliées sur des identités de plus en plus chimériques,
car déracinées de leur histoire. À cette histoire, le marché mondialisé
substitue des fantasmes d’existences désincarnées, sans corps, ni âme, ni
monde. Ne restent plus que le folklore, des lambeaux de costumes, des tessons
d’histoire et une infinie mélancolie de véritables relations au monde.
Celles-ci, il est vrai, sont faites de contraintes et de conflits, mais aussi,
parfois, et pour les mêmes raisons, d’étonnement, d’éblouissement, de
créativité. C’est de démondialisation davantage que de mondialisation dont il
faudrait parler, de la disparition de ce qui fait un monde, et sans lequel personne
ne peut vivre, ni les individus ni les peuples. « Car c’est seulement au
sein d’un peuple qu’un homme peut vivre en tant qu’homme parmi les hommes, s’il
ne veut pas mourir d’épuisement. Et seul un peuple vivant en communauté avec
d’autres peuples peut contribuer à établir sur la terre habitée par nous tous
un monde des hommes créé et contrôlé en commun par nous tous (11).»
Cela dit, je
trouve habilement suggestive la photo de Catherine Dorion la montrant assise
sur la table du Salon rouge, la jupe tirée sur la cuisse juste ce qu’il faut
pour dénoncer le cliché de la femme-objet. Que celles qui portent des jupes ‒
et ceux qui les zieutent ‒ se le tiennent pour dit. Ce discours, qui se réclame
du féminisme et de la gauche radicale, n’hésite pas à prendre des tonalités
d’intégrisme décomplexé. D’ailleurs, cette mise en scène vise clairement à
rendre le voile islamiste acceptable, à en dénier sa signification militante
sinon militaire ‒ au diable les musulmanes et musulmans qui se battent pour la
laïcité au risque de leur vie! L’intention de Catherine Dorion a
d’ailleurs été explicitée par Gabrielle Bouchard, la personne jouant le rôle de
présidente de la Fédération des femmes du Québec. «Le coton ouaté, c’est cute,
dit-elle, ... mais le voile, c’est vraiment badass. Mardi prochain,
portez le voile (12) ».
Démonstration
par l’absurde et au mépris de la grande tradition socialiste : la jupe, le
voile, le sexe, tous les « uniformes » se valent sous le signifiant
de la soumission et… de la contrefaçon. Hans Christian Andersen doit se
retourner dans sa tombe…
Ces
« badass (13)» de la contrefaçon oublient que la mission
historique de la gauche, aujourd’hui hantée par le fantôme de la liberté, était
de travailler à l’intégration du plus grands nombre à un projet
« républicain ». Ce projet éduque et invite à participer à la chose
publique ‒ la politique ‒, autour d’intérêts communs déterminées par le débat,
la culture en général, l’histoire. Or la laïcité, la liberté de conscience,
appartient à l’héritage républicain autour duquel se construit le projet de
démocratie, évidemment fragile. Elle ne vise pas à supprimer la religion de
l’espace public, mais à la circonscrire dans les institutions où ce sont des
hommes et des femmes qui assument librement, tant bien que mal, l’organisation
sociale ; ils se mettent ainsi à l’abri d’un absolu divin, mais surtout
des fondamentalistes qui s’imposent comme les porte-parole incontestables
de Dieu. Et c’est ne rien dire encore des religions à l’origine des grandes
doctrines sociales : le socialisme, le communisme, le libéralisme, l’anarchisme.
Nos sociétés fonctionnent aux croyances (« crois ou meurs »,
« marche ou crève »), mais il est salvateur pour la démocratie,
comme pour la spiritualité laïque, de pouvoir soulever ce qui cherche à en
voiler les mécanismes.
Parlant de
croyances... Selon une certaine tradition hassidique, Dieu aurait inventé les
hommes pour qu’ils se racontent des histoires, et Lui en racontent (14). Dieu
pourrait bien être un enfant qui n’a rien à cirer des problèmes politiques de
la vie des hommes et des femmes, à moins qu’ils se présentent sous la forme de
contes : « Il y a de longues années, vivait un empereur qui aimait
par-dessus tout être bien habillé. Il avait un habit pour chaque heure du
jour. », etc. À nous, pauvres humains, d’assumer ce « tendre soucis
pour le monde » (Hannah Arendt), puis de s’en divertir en se racontant des
histoires à propos de tout et de rien, y compris de Dieu. D’ailleurs, Dieu peut
tout et ne fait rien, sauf pour ceux qui ont la foi. Ne pas laisser le sacré
prisonnier des cachots des religions ni des doctrines sociales est également
sacré. À défaut d’y croire soi-même, on peut croire en ceux et celles qui y
croient.
Il faut
l’innocence d’un enfant pour oser dire que le roi est nu, dit Andersen. Il
est donc vrai que tout projet véritable de laïcité devrait commencer par
s’émanciper de la religion de l’économie. C’est dire que la laïcité selon le
gouvernement de François Legault est elle-même une contrefaçon de la laïcité,
mais qu’il est absurde d’en prendre le contre-pied sur la signification du
voile islamiste.
La députée
de l’extrême gauche identitaire aura beau danser sur la table pour égratigner
son verni jaunissant avec ses faux talons aiguilles, se tailler une burka dans
les drapeaux du Salon rouge, elle ne fera toujours que revêtir la démocratie
parlementaire déficiente de la nouvelle esthétique mondialisée, qu’y faire
entrer les habits neufs du nouvel esprit du capitalisme. Ces costumes n’ont
évidemment pas pour but de lutter contre les inégalités et les injustices, mais
de les dissimuler sous des apparats peoples ou de la rebellocratie
née dans des facultés universitaires, elles-mêmes conçues comme le prolongement
idéologique des aéroports et du tourisme international. Selon cette vision, il
s’agirait surtout de se soumettre à l’hégémonie multiculturaliste en attendant
la liquidation et la liquéfaction de toute singularité culturelle, avec l’air
de se battre contre elle.
C’est dire
qu’on travaille fort pour faire de la liberté une marque de yogourt, mais
bio. C’est tellement plus santé. « Applaudissons-nous, dis-je à Fred
en fin de soirée. We are magnificient people, me répliqua-t-il.» On
était enfin d’accord; l’ennui poursuivait son cours.
Janvier 2020
(1)Anne
Dufourmantelle, Puissance de la douceur, Éditions Payot et Rivages,
2013, p. 84.
(2) Cité par
Jacques T. Godbout en exergue de L’esprit du don, Les Éditions du
Boréal, 1995.
(3) George
Steiner, Le Château de barbe bleue. Notes pour une redéfinition de la
culture, Paris, Folio essai, 1973, p. 21.
(4) Pierre
Falardeau à l’émission les Francs-tireurs https://www.youtube.com/watch?v=A-AETnoSdcw
(5) Le retour
aux sources d’Alain Deneault », Le Devoir, 13 janvier 2020.
(6)Philippe
Muray, « Comment je me suis arrêté » dans Roues carrées.
Nouvelles. Paris, les Éditions Arthème Fayard et Les Belle-Lettres, 2006.
(7) C’est ainsi
que le multiculturalisme est défini dans Le dictionnaire historique critique
du racisme, PUF, 2013, dirigé par Pierre-André Taguieff :
« Le multiculturalisme est une politique qui trouve son origine dans une
stratégie mise en œuvre au début des années 1970 par Pierre Elliott Trudeau,
Premier Ministre du Canada. Celui-ci entendait ainsi faire un signe en
direction des minorités culturelles tout en relativisant la portée des
revendications identitaires des Québécois. »
(8) Jean-Claude
Michéa, philosophe et critique dela civilisation libérale, rappelle
que la lutte contre le racisme et toutes les discriminations a été théorisée
par Friedrich Hayek, grand penseur de la doctrine économique ultralibérale.
Dans l’article « Liberalism » rédigé pour l’Encyclopédie del
novecento, Hayek affirme, selon Michéa, que « la lutte pour
l’égalité formelle, c’est-à-dire la lutte contre toutes formes de
discrimination basées sur l’origine sociale, la nationalité, la race, les
convictions religieuses, le sexe, etc., a toujours constitué l’une des
caractéristiques les plus fortes de la tradition libérale. » (La
culture de l’égoïsme, Climats/Flammarion, 2012, p. 84.)
(9) J’emprunte cette observation au psychanalyste Rolland Gori, qu’il présente dans
une conférence (« Le pouvoir une imposture? ») qu’on peut écouter en
ligne https://www.youtube.com/watch?v=dqTnsyrBvw4.
Autour de la 11e minute, Gori analyse le conte de Hans Christian
Andersen, « Les habits neufs de l’empereur ».
(10) Alain Caillé et Philippe Chanial, préface à Francesco Fistetti, Théories du
multiculturalisme. Un parcours entre philosophie et sciences sociales,
Éditions de la découvertes/MAUSS, 2009, p 6.
(11) Hannah Arendt, « Remarque finale » dans La tradition cachée. Le Juif
comme paria, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1987 (1946), p. 220.
(12) https://www.journaldequebec.com/2019/11/11/la-federation-des-femmes-en-appelle-au-port-du-voile-en-plus-du-coton-ouate
(13) Littéralement « mauvais cul », mais on pense forcément à
« faux-cul » même si la traduction serait vraisemblablement
« dur à cuir ».
(14) George Steiner, Préface à la bible hébraïque, Paris, Éditions Albin
Michel, p. 22.