Notes
festives et terribles pour une réflexion sur les contrefaçons
Le
contraire de la douceur n’est pas la brutalité ou la violence même, c’est la
contrefaçon de la douceur : ce qui la pervertit en la mimant.
(N.B.
Pour avoir accès aux notes de bas de page, il ne faut pas cliquer sur
l'appel de note, mais se rendre à la fin du texte où se trouvent les
notes. Désolé!)
Terrible temps des
Fêtes. Cette convivialité institutionnalisée et marchande permet quand même des échanges et des discussions
enrichissantes, tout en festoyant. Et on aime tant festoyer, par tous les temps,
surtout par sombres temps. « Les temps sont durs mais modernes », écrivait
Peter Sloterdijk.
Homo oeconomicus engendre homo festivus, et il n’a pas fini de
nous étonner, de nous émouvoir, de nous exaspérer. Il adore en tout cas se
déguiser, se travestir, s’éclater pour tromper l’ennui que sécrète son existence
désincarnée, sans gravité, liquide. Je parle de nous tous, bien sûr, personne
n’échappe vraiment à l’ennui et à ses stratégies d’évitement, qui peuvent être
terribles. « Plutôt la barbarie que l’ennui », s’écria le maître de Charles
Baudelaire, Théophile Gautier. Selon l’historien de la culture et de la
littérature George Steiner, ce cri résonne au XIXe comme une
prophétie des horreurs qui allaient s’accomplir
moins d’un siècle plus tard.
Aujourd’hui, n’est-ce pas encore pour combattre l’ennui que les déguisements et
les contrefaçons pullulent? Allez savoir ce qu’annoncent ces mauvais présages. Il
apparait cependant assez mal venu d’en rire ou même d'en discuter, ce qui est en soi assez inquiétant.
Heureusement, la vie de l’esprit offre toujours la possibilité de faire des pas
de côté, mais peu s’en prévalent, à moins que ce soit la clameur médiatique qui
recouvre les voix dissonantes. Fred, un garçon charmant, m’a quand même beaucoup
fait rire lors d’un souper bien arrosé en associant le non-conformisme de Pierre
Falardeau à celui, disons ostentatoire, de Catherine Dorion.
Ce rapprochement
me sembla naître d’un malentendu du discours politique de l’une et de l’autre.
Je rappelai à Fred que le cinéaste et polémiste comparait, il y a longtemps déjà,
Françoise David à Mère Teresa, manière de dire qu’elle était la zélote d’une organisation
politique ambiguë qui, disait-il, était plus missionnaire que de gauche, voire
carrément hypocrite (sur la video, entre les minutes 1:20 et 4:42).
Je rappelai à Fred que Françoise David avait été la présidente-fondatrice d’Option citoyenne avant
de cofonder et de codiriger Québec solidaire, la formation politique que
représente Catherine Dorion à titre de députée à l’Assemblée nationale. C’est
d’ailleurs dans ce décor idoine qu’elle exécuta son petit numéro d’Halloween. J’avoue
que Falardeau me semblait souvent défendre un nationalisme revanchard qui nuisait
à la cause qu’il défendait, escamotait surtout une réalité sociohistorique importante.
Comme le rappelle aujourd’hui le
philosophe Alain Deneault, il y a une différence significative entre le
colonisé et le colon prolétarisé. Mauvaise nouvelle pour la doxa
nationaliste : le colon prolétarisé caractérise le Québécois, l’héritier de
celui qu’on appelait jadis le Canadien,
puis le Canadien français. Contrairement à ce que nous a fait croire une historiographie
sommaire de la décolonisation, il occupe plutôt une position intermédiaire sur
la chaîne de la domination politique. Celle-ci est « très difficile à
assumer du point de vue de la conscience, explique Alain Deneault, parce qu’il
n’est pas vraiment le dominé, comme l’est l’Autochtone. Mais il n’est pas non
plus l’actionnaire de sociétés ferroviaires [ou de n’importe quel autre secteur
industriel, j’imagine]. On est entre l’arbre et l’écorce, parce qu’on profite
de la colonie sans en être vraiment responsables. C’est pourquoi on a de la
difficulté à l’admettre et à le conceptualiser afin de s’en sortir et de
façonner les choses autrement. »
L’observation d’Alain
Deneault permet d’ouvrir une large fenêtre sur l’institution imaginaire de la
société. C’est l’identité politique du Québécois
qui se trouve entamée, sa fameuse
spécificité ‒ privilégiée ? ‒ de dominé, celle qui inspira par exemple le
lyrisme du « québécantrope » de Gaston Miron, « ce garçon qui ne ressemble à personne ».
Et si on ajoute à cette remarque
judicieuse de Deneault l’analyse d’un Jacques Ellul par exemple, affirmant il y
a déjà un demi-siècle que c’est l’ensemble de l’humanité qui est désormais
prolétarisée, aliénée à l’idéologie technicienne qui surplombe et détermine
toutes les relations humaines, on est pris de vertige quand il s’agit de
s’entendre sur des luttes politiques. Grand
connaisseur de Karl Marx pour l’avoir bien étudié et longuement enseigné, Ellul
disait notamment que les marxistes d’après-guerre et à la mode dans les années
1960-70 se trompaient de révolution. Si Marx avait raison en son temps d’en
appeler à la lutte des classes, au XXe siècle le grand enjeu est
beaucoup moins de combattre la bourgeoisie pour s’emparer des moyens de
productions, que de sortir du productivisme et de l’idéologie technicienne qui
déshumanisent radicalement l’existence, tout en provoquant des désastres écologiques irréversibles (en
plus d’être un des plus grands sociologues du XXe siècle, Ellul est
considéré comme un pionnier de l’écologie politique). Ce qui ne veut pas dire
que les classes sociales n’existent plus, mais qu’il ne suffit pas que les dominés
renversent les dominants pour recouvrer le sens de la liberté, de la dignité et
de la responsabilité politique.
Mais aujourd’hui, au lendemain des Fêtes et en
dépit de cette nuance importante apportée par Deneault-Ellul, il me semble qu’à
bien des égards Pierre Falardeau faisait preuve de clairvoyance et de
sensibilité politique, bien au-delà de ses envolées étroitement nationalistes.
S’il est probable qu’on n’arrête pas de se tromper de révolution, certaines
révoltes ou révolutions sont plus vitales que d’autres. Toutes les
révolutions ne se valent pas. Le mouvement pour le mouvement, contraire à la
mesure de l'homme, n'a de sens que pour lui-même. Walter Benjamin, critique de
l'idéologie du progrès, disait de la révolution qu'elle était le frein
d'urgence. Or la modernité engendre des révolutions dictées par la volonté de
puissance que semble offrir la technologie. C'est elle la locomotive du
progrès qui impose d'aller toujours plus vite. Quelle ivresse que la vitesse!
Elle est sensation pure, fait perdre la tête, la faculté de jugement, le sens
de la route et de la lenteur. Elle appelle à bouleverser les mœurs, au
déracinement des individus et des peuples, à la destruction des cultures plutôt qu'à leur enrichissement. Et ce déracinement se
fait fallacieusement au nom de la tolérance, de l'ouverture à l'autre,
à la nouveauté, comme le fait Catherine Dorion.
Pierre Falardeau, même s'il lui arrivait de déraper
ou de dépasser la limite, voyait très bien comment le colonialisme aliénait
l'ensemble du peuple québécois: Autochtones, Canadiens français, immigrants et,
au sommet de la pyramide, les possédants, toutes origines ethniques et
sexuelles confondues, ceux et celles que Falardeau appelle dans son terrible Temps
des bouffons « les rois nègres biculturels ».Un trait commun donc : aliénation au colonialisme, au
déploiement de ses industries comme de son spectacle, de son imaginaire. L’objectif
de ce colonialisme était ‒ est toujours ‒, de fabriquer l’homme nouveau,
émancipé de toute affiliation à l’ancien monde. Celui-ci avait certes d’immenses
défauts, mais pas de tout mesurer à l’aulne de la raison raisonnante, de la
défense ses intérêts bien compris. On peut reconnaître chez ce colon
prolétarisé, ce moderne absolu, l’héritier ou l’avatar d’homo oeconomicus né aux alentours du XVIIIe siècle dans les éprouvettes
de la raison instrumentale. Celle-ci forge l’axiome de la civilisation libérale
et de la religion du progrès. Et qui dit religion, dit fidèle, c’est-à-dire le
zélote du saint progrès ou de la modernité triomphante, celui que Philippe
Muray a appelé le « moderneur » dans une de ses dernières nouvelles,
« Comment je me suis arrêté »
Fred m’écouta patiemment,
puis on évoqua la force de dérision du court-métrage de Falardeau où il montre et
commente l’élite politique et affairiste montréalaise dansant bras dessus bras dessous
au très Canadian et très chic Beaver Club. L’effet grotesque de la
mascarade est foudroyant : « Applaudissons-nous. We are magnificient people », clame le président de la
cérémonie, Roger D. Landry, directeur à l’époque du quotidien La
Presse.
Le lendemain
matin, repensant à ma discussion avec Fred, une idée fit irruption : Falardeau vivant pourrait-il mettre en scène Catherine
Dorion et ses solidaires collègues dans un Nouveau
temps des bouffons ou un Temps des
nouveaux bouffons et nouvelles bouffonnes ? Je me disais que ce numéro de
déguisement à l’Assemblée nationale amenée par Catherine Dorion est d’une
superficialité grotesque qui mériterait d’être tourné en dérision. Il dénote
une adhésion servile non plus au biculturalisme que vomissait Falardeau, mais
au multiculturalisme triomphant que produit le capitalisme mondialisé : doctrine
made in Canada instaurée par le
fédéralisme de Pierre-Elliot Trudeau pour contrer explicitement le mouvement
indépendantiste québécois
et, qui sait? une possible alliance avec les peuples autochtones contre la
technocratie canadienne ‒ en plus de sous-tendre
et d’ériger une seule et unique norme à l’aulne de laquelle le monde entier
doit se soumettre: la sainte économie dans l’Évangile néolibéral, mais
néanmoins nihiliste.
La culture n’est
pas un fait social en marge de l’économie politique, elle en fait partie, elle
l’habite et l’habille; culture et économie politique forment un tout dont le
langage, la parole, est le cœur : ce qui se dit et ne se dit pas, se pense
et ne se pense pas. Or, Catherine Dorion incarne à merveille la version QS de la
vision politique de Justin Trudeau, sorte de Beaver Club à l’échelle de tout le pays, même si c’est à son corps défendant. Mais
comment est-ce possible? Ce ne sera pas la première fois dans l’histoire récente
que ladite opposition au pouvoir, au nom de l’émancipation, en renforce la
poigne.
Depuis Mai 68,
tout un courant de la gauche culturelle et de la contre-culture s’est mis au
service du nouvel esprit du capitalisme en travaillant à intégrer, dans le
travail et la vie privée, les nouvelles technologies de l’information et des
communications : travail dit autonome, délocalisation, entrepreneuriat, réseaux
sociaux, mobilité assortie du culte des droits des minorités autoproclamées et de
la lutte contre toutes les discriminations.
C’est ainsi que la gauche identitaire seconde l’atomisation de la société
nécessaire à la fluidité des capitaux, des biens, des services et des
populations : accumuler, circuler, jouir sans entraves sont des synonymes dans
ce grand processus de contamination des mots par l’hégémonie culturelle.
Les nouveaux
maîtres du monde et leurs spin doctors
sévissent dans les entourages de la Silicon Valley ou du Mile-Ex, dans les
studios de design au service des multinationales du divertissement et du
technocapitalisme, intelligence artificielle et tout le bazar. Ils travaillent
en gougounes, ouaté, une tuque ou un hood
sur la tête, tatoués de la tête aux pieds, des anneaux dans le nez et
autour des yeux, de la bouche et des oreilles. Probablement en trois-pièces ou
en tailleur à l’occasion, mais plus personne n’y croit vraiment. Grand bien
leur fasse, aux uns comme aux autres, là n’est justement pas le problème. Pourquoi?
Parce que c’est dans la « com » que ça se passe, dans le marketing
sociétal, la concurrence des lobbies se substituant à la politique. C’est là
qu’on fabrique le conformisme au nouvel ordre du monde en le rendant acceptable,
désirable, cool. La « com » et le marketing sociétal qui
prolifèrent notamment sur les réseaux sociaux: tel est l’habit dont le roi est aujourd’hui
affublé.
Je parle ici de rhétorique persuasive, pas de cas individuels.
Il est donc urgent
dans le débat public de distinguer l’idéologie multiculturaliste de la
pluralité sociale. Ce que font Alain Caillé et
Philippe Chanial en distinguant «
reconnaissance des cultures et des identités » et « la nouvelle mode managériale de la
diversité culturelle, cette forme marchande, et probablement lucrative, du
politiquement correct. » Et pour reprendre une de leur question dans
le même ouvrage, « Le multiculturalisme est-il soluble dans la
démocratie? ». Assurément pas dirais-je, si ce multiculturalisme confine
au communautarisme, à des communautés étanches, repliées sur des identités de
plus en plus chimériques, car déracinées de leur histoire. À cette histoire, le
marché mondialisé substitue des fantasmes d’existences désincarnées, sans corps,
ni âme, ni monde. Ne restent plus que le folklore, des lambeaux de costumes,
des tessons d’histoire et une infinie mélancolie de véritables relations au
monde. Celles-ci, il est vrai, sont faites de contraintes et de conflits, mais
aussi, parfois, et pour les mêmes raisons, d’étonnement, d’éblouissement, de
créativité. C’est de démondialisation davantage que de mondialisation dont il
faudrait parler, de la disparition de ce qui fait un monde, et sans lequel
personne ne peut vivre, ni les individus ni les peuples. « Car c’est seulement au sein
d’un peuple qu’un homme peut vivre en tant qu’homme parmi les hommes, s’il ne
veut pas mourir d’épuisement. Et seul un peuple vivant en communauté avec
d’autres peuples peut contribuer à établir sur la terre habitée par nous tous
un monde des hommes créé et contrôlé en commun par nous tous[11].»
Cela dit, je trouve
habilement suggestive la photo de Catherine Dorion la montrant assise sur la table
du Salon rouge, la jupe tirée sur la cuisse juste ce qu’il faut pour dénoncer le
cliché de la femme-objet. Que celles qui portent des jupes ‒ et ceux qui les
zieutent ‒ se le tiennent pour dit. Ce discours, qui se réclame du féminisme et
de la gauche radicale, n’hésite pas à prendre des tonalités d’intégrisme
décomplexé. D’ailleurs, cette mise en scène vise clairement à rendre le voile
islamiste acceptable, à en dénier sa signification militante sinon militaire ‒
au diable les musulmanes et musulmans qui se battent pour la laïcité au risque
de leur vie! L’intention de Catherine Dorion a d’ailleurs été explicitée par Gabrielle
Bouchard, la personne jouant le rôle de présidente de la Fédération des femmes
du Québec. «Le coton ouaté, c’est
cute, dit-elle, ... mais le voile, c’est vraiment badass. Mardi
prochain, portez le voile ».
Démonstration
par l’absurde et au mépris de la grande tradition socialiste : la jupe, le
voile, le sexe, tous les « uniformes » se valent sous le signifiant de
la soumission et… de la contrefaçon. Hans Christian Andersen doit se retourner
dans sa tombe…
Ces « badass »
de la contrefaçon oublient que la mission historique de la gauche, aujourd’hui
hantée par le fantôme de la liberté, était de travailler à l’intégration du
plus grands nombre à un projet « républicain ». Ce projet éduque et
invite à participer à la chose publique ‒ la politique ‒, autour d’intérêts
communs déterminées par le débat, la culture en général, l’histoire. Or la
laïcité, la liberté de conscience, appartient à l’héritage républicain autour
duquel se construit le projet de démocratie, évidemment fragile. Elle ne vise
pas à supprimer la religion de l’espace public, mais à la circonscrire dans les
institutions où ce sont des hommes et des femmes qui assument librement, tant
bien que mal, l’organisation sociale ; ils se mettent ainsi à l’abri d’un absolu
divin, mais surtout des fondamentalistes
qui s’imposent comme les porte-parole incontestables de Dieu. Et c’est ne rien
dire encore des religions à l’origine des grandes doctrines sociales : le
socialisme, le communisme, le libéralisme, l’anarchisme. Nos sociétés
fonctionnent aux croyances (« crois ou meurs », « marche ou
crève »), mais il est salvateur pour la démocratie, comme pour la spiritualité laïque,
de pouvoir soulever ce qui cherche à en voiler les mécanismes.
Parlant de croyances...
Selon une certaine tradition hassidique, Dieu aurait inventé les hommes pour
qu’ils se racontent des histoires, et Lui en racontent.
Dieu pourrait bien être un enfant qui n’a rien à cirer des problèmes politiques
de la vie des hommes et des femmes, à moins qu’ils se présentent sous la forme
de contes : « Il y a de longues années, vivait un empereur qui aimait
par-dessus tout être bien habillé. Il avait un habit pour chaque heure du jour. »,
etc. À nous, pauvres humains, d’assumer ce « tendre soucis pour le monde »
(Hannah Arendt), puis de s’en divertir en se racontant des histoires à propos
de tout et de rien, y compris de Dieu. D’ailleurs, Dieu peut tout et ne fait
rien, sauf pour ceux qui ont la foi. Ne pas laisser le sacré prisonnier des
cachots des religions ni des doctrines sociales est également sacré. À défaut
d’y croire soi-même, on peut croire en ceux et celles qui y croient.
Il faut
l’innocence d’un enfant pour oser dire que le roi est nu, dit Andersen. Il est donc vrai que tout projet véritable de
laïcité devrait commencer par s’émanciper de la religion de l’économie. C’est
dire que la laïcité selon le gouvernement de François Legault est elle-même une
contrefaçon de la laïcité, mais qu’il est absurde d’en prendre le contre-pied
sur la signification du voile islamiste.
La députée de
l’extrême gauche identitaire aura beau danser sur la table pour égratigner son
verni jaunissant avec ses faux talons aiguilles, se tailler une burka dans les drapeaux
du Salon rouge, elle ne fera toujours que revêtir la démocratie parlementaire déficiente
de la nouvelle esthétique mondialisée, qu’y faire entrer les habits neufs du nouvel
esprit du capitalisme. Ces costumes n’ont évidemment pas pour but de lutter
contre les inégalités et les injustices, mais de les dissimuler sous des
apparats peoples ou de la rebellocratie née dans des facultés universitaires,
elles-mêmes conçues comme le prolongement idéologique des aéroports et du
tourisme international. Selon cette vision, il s’agirait surtout de se
soumettre à l’hégémonie multiculturaliste en attendant la liquidation et la
liquéfaction de toute singularité culturelle, avec l’air de se battre contre
elle.
C’est dire qu’on
travaille fort pour faire de la liberté une marque de yogourt, mais bio. C’est
tellement plus santé. « Applaudissons-nous, dis-je à Fred en fin de soirée.
We are magnificient people, me
répliqua-t-il.» On était enfin d’accord; l’ennui poursuivait son cours.
Janvier 2020
C’est
ainsi que le multiculturalisme est défini dans Le dictionnaire historique critique du racisme, PUF, 2013, dirigé par Pierre-André Taguieff :
« Le
multiculturalisme est une politique qui trouve son origine dans une stratégie mise
en œuvre au début des années 1970 par Pierre Elliott Trudeau, Premier Ministre
du Canada. Celui-ci entendait ainsi faire un signe en direction des minorités
culturelles tout en relativisant la portée des revendications identitaires des
Québécois. »
Jean-Claude Michéa, philosophe et critique dela civilisation libérale, rappelle que la lutte contre le racisme et
toutes les discriminations a été théorisée par Friedrich Hayek, grand penseur de
la doctrine économique ultralibérale. Dans l’article « Liberalism » rédigé pour l’Encyclopédie del novecento, Hayek affirme,
selon Michéa, que « la lutte pour l’égalité formelle, c’est-à-dire la
lutte contre toutes formes de discrimination basées sur l’origine sociale, la
nationalité, la race, les convictions religieuses, le sexe, etc., a toujours
constitué l’une des caractéristiques les plus fortes de la tradition
libérale. » (La culture de l’égoïsme,
Climats/Flammarion, 2012, p. 84.)
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